mardi 11 septembre 2012

Inde, le 3 Septembre 2012 : Missionnaires de la Charité - Les mouroirs de Calcutta

A Calcutta, tout le monde connait Mère Térésa.
Mère Térésa est sans doute la personne la plus connue de Calcutta, de part son oeuvre.

D'origine albanaise, Mère Térésa quitta sa famille pour devenir religieuse. On l'appelait alors Sœur Térésa.
Elle partit en Inde où elle fût enseignante pendant une dizaine d'années. Elle fût touché par la misère des bidon-villes de Calcutta.
Le 10 Septembre 1946, pendant un voyage en train, elle eut une sorte d'expérience mystique, un appel lui disant de consacrer sa vie aux pauvres. On appelle cela "l'appel dans l'appel" (puisqu'elle fût déjà appelée à être Sœur).
Ainsi, en 1950, elle fonda un nouvel ordre religieux catholique : les Missionnaires de la Charité. Ces personnes consacrent leur vie entière au service des pauvres. Cette congrégation a grandi, et maintenant on trouve des missionnaires de la Charité partout dans le monde. Leur maison mère est à Calcutta.
Ainsi, alors que les sœurs n'avaient pas encore de couvent, Mère Térésa créait un mouroir dans le quartier de Kalighat dans Calcutta. C'est un endroit pour accueillir les personnes en fin de vie. Elle créa ensuite de nombreux centres pour accueillir des orphelins, des enfants, des handicapés, des lépreux...
En 1975, elle reçut le prix Nobel de la paix.
Tout ceci ne fonctionne que sur le principe du don de soi aux pauvres. C'est à dire que les missionnaires de la Charité vivent dans la simplicité, partageant leur temps entre la prière et le donner aux pauvres. Tout fonctionne par des donations et du volontariat. Beaucoup de volontaires viennent du monde entier pour les aider.
Les centres accueillent les pauvres dans le besoin indépendamment bien sûr de leur religion. La plupart sont hindous, ou musulmans. De même, les volontaires ne sont pas forcément catholiques. Beaucoup viennent d'Asie (Chine, Japon, Coré) et ne sont pas catholiques. L'entraide envers les pauvres n'a pas de religion !
Mère Térésa meurt en 1997. Elle repose à Calcutta, dans la maison mère.


Voici la tombe de Mère Térésa... au rez-de-chaussée de la maison mère, dans une salle quelconque. C'est un gros bloc de marbre.



 Je suis resté donc une grosse semaine à Calcutta. J'ai proposé mes services auprès des soeurs missionnaires de la Charité. Une semaine est bien peu par rapport à d'autres volontaires qui viennent plusieurs mois... ou encore beaucoup moins face à ces personnes qui consacrent leur vie !
Tout le monde est accueilli, comme il est. Pas besoin de compétences particulières. D'abord, il faut rencontrer l'une des sœurs afin de lui dire dans quel centre on veut servir, et ainsi avoir le pass qui correspond (car on entre pas dans les centres comme dans un moulin... ce qui est normal !).

Je choisi d'aller dans le mouroir de Kalighat. Ce fût le premier centre créé par Mère Térésa. Une centaine de personnes est accueillie, moitié homme moitié femme (en ce moment il y a un peu moins de femme).
Il faut clairement laisser sa sensibilité de côté ! Je ne m'occupais que des hommes. Ils sont dans de sales états.
Le service est de 8h00 à midi tous les jours, sauf le jeudi, où il n'y a pas de service (pour les volontaires !). Les journées se ressemblent. On commence par laver le linge des malades, l'étendre, puis on leur donne leurs médicaments quand ils en ont, on les nourrit, on s'occupe d'eux (aller aux toilettes, on les aident à marcher un peu, ...). En fait, le plus important est la présence, le fait qu'ils se sentent entourés et pas tout seul. Ça se voit très clairement car ils ont le sourire aux lèvres quand ils nous voient.
Les gens qui sont accueillis ici sont ceux qui ne pourrait pas vivre dans la rue, à cause de leur maladie, de leur handicap, ... Ce n'est pas un hôpital. Les soins sont rudimentaires. Les gens viennent mourir ici.

Ce n'est pas toujours très drôle. Le ton fût donné dès mon arrivée. Après être arrivé depuis 20 minutes, j'étais donc en train de laver le linge des malades lorsque je vois passer juste derrière moi un brancard avec un mort dessus, enveloppé dans du tissu...
Le deuxième jour, on accueille une nouvelle personne. Un homme, la soixantaine peut-être, vraiment dans un sale état, venant de la rue. On le lave et l'habille, et on le met dans un lit. Ce moment là fût très intense et émouvant... le fait de voir les sœurs s'affairer à sauver cet homme (perfusion...) par pure gratuité et don de soi, alors que le gars donnait beaucoup plus envie de continuer son chemin en l'ignorant. Le pauvre homme... deux jours plus tard il était mort. Il est arrivé en quelque sorte à la dernière minute, car cela lui a permis de mourir entouré. C'est toujours mieux que de mourir dans un carton dans la rue, face à l'indifférence de tout le monde.
En venant là, on voit ce que "mourir dans la dignité" signifie, et surtout qu'il n'y a pas de lien entre dignité et souffrance (ce que notre société comprend mal !). Car en même temps, c'est clair qu'on les voit souffrir.
Mon dernier jour, une personne de plus était morte pendant la nuit. Et on en accueillait encore une, ramassée dans une bouche de métro.

Comme je le disais, juste une semaine n'est pas grand chose, mais ça a de la valeur quand même ! Ça permet de bien se rendre compte de ce qui se passe dans ces mouroirs. C'est une vrai leçon de vie, et on est bluffé en voyant ce que d'autres personnes donnent à ces pauvres.
Mère Térésa disait qu'elle voulait se donner "aux plus pauvres des pauvres". Après avoir vu la misère de Calcutta, je vois mieux ce que cela signifie et ce que peut être la misère d'un bidon-ville.

 Ci-dessous le mouroir de Kalighat, nommé "Nirmal Hriday" qui veut dire "coeur pur" en Bengali.



1 commentaire:

  1. Une belle expérience ! Après les missionnaires de la charité à paris ;-)

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